L'actrice américaine Angelina Jolie a rendu hommage vendredi aux victimes du génocide de Srebrenica en 1995, en Bosnie, après avoir exhorté dans la matinée à Sarajevo la communauté internationale à empêcher que le viol soit utilisé comme une "arme de guerre". La vedette hollywoodienne a été accompagnée à Srebrenica (est) par le ministre des Affaires étrangères britannique, William Hague. Au musée du mémorial du génocide, Angelina Jolie et William Hague ont rencontré des femmes victimes de viols pendant la guerre intercommunautaire de Bosnie (1992-95), puis des femmes de Srebrenica dont des proches ont été tués dans le massacre.Vêtue de noir, la tête recouverte d'une écharpe noire, pour respecter les coutumes de femmes musulmanes lorsqu'elles se rendent dans un cimetière, Angelina Jolie a ensuite déposé des fleurs au pied d'un monument en pierre à la mémoire des victimes, avant de marcher le long d'un mur sur lequel sont inscrits les noms des victimes tuées dans ce massacre. Très émue, contenant à peine ses larmes, elle ne s'est pas adressée à la presse.
Le 11 juillet 1995, quelques mois avant la fin de la guerre en Bosnie, les troupes serbes avait pris le contrôle de Srebrenica, enclave musulmane proclamée en 1993 "zone protégée" de l'ONU. Quelque 8 000 hommes et adolescents ont été tués en l'espace de quelques jours dans ce massacre, qualifié de génocide par la justice internationale. Plus de 6 000 victimes de ce massacre, retrouvées à ce jour dans des fosses communes et identifiées par des tests ADN, ont été enterrées dans le mémorial à Srebrenica. Dans la matinée, Angelina Jolie et William Hague - qui préparent ensemble pour le mois de juin un sommet à Londres avec l'ambition de mettre un terme au viol comme "arme de guerre" -, ont participé à une conférence à Sarajevo sur le même sujet. "L'utilisation du viol comme arme de guerre est un des crimes les plus atroces et les plus sauvages contre les civils. C'est tellement brutal, c'est une violence aussi extrême qu'il est même difficile d'en parler", a déclaré l'actrice dans son discours.Celle qui a réalisé en 2011 un long métrage sur les violences faites aux femmes pendant la guerre de Bosnie, a appelé les missions de la paix à travers le monde à se donner pour "priorité" d'empêcher que ces crimes soient commis. William Hague a pour sa part déploré que "la violence sexuelle (soit) délibérément utilisée comme arme de guerre" dans les conflits en Syrie, en Centrafrique, ou encore au Soudan du Sud. "J'espère que nous pouvons travailler tous ensemble pour prévenir une répétition des horreurs vues dans cette région où que ce soit dans le monde", a-t-il dit. Au moins 20 000 femmes, en majorité musulmanes, ont été violées pendant la guerre en Bosnie, alors que seuls 33 auteurs de ces crimes ont à ce jour été condamnés par la justice bosnienne et 30 autres par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).